El hadji Marokhaya Coumba Diagane
El hadji Marokhaya Coumba Diagane, un nom qui ne laisse personne indifférent dans le Njàmbur.
Il était très respecté dans les provinces voisines du COOL, du MBATAAR, du NGÀNGUNE et du CAÑALDE et était une référence tant pour la sagesse qu’il incarnait que pour son franc-parler et le véritable rôle de stabilisateur social qu’il jouait dans cette partie nord du Njàmbur.
Il était le patriarche d’une grande fratrie dont mon père Ndiane Marokhaya grand-frère de Assane Marokhaya plus connu de plusieurs générations de Sénégalais pour avoir été un grand traditionaliste dépositaire de l’histoire des royaumes du Kajoor et du Baol.
Mon grand-père avait élevé dans sa grande concession familiale de Sakal la plupart de ses petits-fils dont je suis le troisième.
Il avait un amour exceptionnel et une attention particulière pour nous plus que pour ses propres fils qui étaient à peu près de notre âge.
Mon grand-frère qui était l’aîné de ses petits-fils était plus âgé que ses deux derniers enfants.
Il nous avait donné une éducation exemplaire, nous avait inculqué les valeurs morales , de courage, de discipline , d’amour du travail et de réussite, mais surtout le JOM, le FULLA, le FAYDA et le NGOR, termes que je préfère ne pas traduire en français au risque de ne pas rendre leur véritable sens.
Il vouait une attention particulière à notre parcours scolaire en veillant que nous fûmes toujours parmi les meilleurs aussi bien à l’école française qu’à l’enseignement coranique.
Cependant dès les premières pluies, tous ceux qui n’étaient pas en classe d’examen rejoignaient les champs d’arachide, de mil et de ñebbe où nous attendaient de durs travaux agricoles allant du semis jusqu’au glanage des dernières graines après les récoltes.
Cela ne nous laissait évidemment que tout juste le temps d’aller jouer au football l’après-midi et de participer à l’organisation d’activités socioculturelles pour animer le village.
A la fin de l’hivernage, quand les plus grands avaient déjà regagné le lycée, nous les plus jeunes qui étions encore à l’école primaire, avions chacun une corvée journalière qui consistait à aller chercher dans les buissons , qui un fagot de bois de chauffe, qui une botte de NJËMB ou de XAT, haute paille nécessaire pour le renouvellement de la tapade de la maison.
La fourniture de piquets pour retenir la tapade ( XER ) était également de nôtre ressort, ainsi que le redressement des pans de tapade inclinés à cause de la partie enfoncée des XER pourrie (BUUT), une tâche qui nous était assignée à longueur d’année.
Pour mon grand-père, un garçon en bonne santé, en possession de toutes ses forces ne devait rester sans rien faire. Pour lui c’était un signe de paresse et de ÑAKK JOM qui ne présageait pas de lendemain meilleur pour le concerné.
Après le linge, il rassemblait tous nos habits et en rapiéçait lui-même toutes les parties déchirées ou usées par les bancs de l’école.
A chaque fois que nous devions rejoindre qui Saint-Louis, qui Louga, qui Thiès qui Dakar, pour aller continuer les études,il nous rassemblait tous pour une séance solennelle de conseils et de mise en garde sur les nouvelles conditions de vie auxquelles un jeune gamin issu du monde rural qu’il n’a jamais quitté allait être confronté dans une grande ville.
Nous connaissant tous très bien pour nous avoir vu naître et faire les premiers pas de la vie sous sa surveillance, il s’adressait toujours à nous avec insistance et même avec véhémence en individualisant quelques fois ses injonctions, faisant allusion plus à nos défauts qu’aux qualités qu’ils nous a déjà transmises:
Où que vous soyez dans la vie, nous disait-il, ayez toujours en tête l’objectif pour lequel vous êtes là-bas et faites tout pour l’atteindre.
Ayez un bon comportement et continuez à être parmi les meilleurs en classe comme certains de vous l’ont toujours été. Apprenez à temps vos leçons et ne remettez jamais à demain ce que vous pouvez faire aujourd’hui, s’agissant surtout des devoirs à rendre.
Comportez vous de manière irréprochable avec vos familles d’accueil surtout avec les enfants mêmes s’ils vous font du tort.
Faites attention au mode de vie citadine car elle peut être parsemée d’écueils pour les ruraux que vous êtes . Ne sortez que si c’est strictement nécessaire.
Ne buvez pas, ne fumez pas et ne fréquentez jamais les endroits non recommandables.
Si vous respectez mes conseils vous réussirez dans la vie s’il plaît au bon Dieu. Et il terminait toujours par des prières sous forme de murmures qui ressemblaient plutôt à des incantations que personne d’entre-nous ne comprenait.
Voilà l’impact de la personnalité de notre grand-père ce que nous sommes aujourd’hui.
Nous aurions bien voulu lui rendre la monnaie de la pièce
de son vivant pour qu’il pût goûter au fruit de son remarquable travail sur nous, mais hélas, il est parti bien avant, un 16 janvier 1972 alors que nous n’étions encore que de jeunes lycéens .
J’ai chaque fois les larmes aux
yeux et le cœur gros quand tous ces souvenirs défilent encore dans ma mémoire.
Que la terre de Kër Wóolu Saar lui soit légère et que le Paradis Firdaws soit sa demeure éternelle.
Maroqaya Kumba Jàngaan
Kumba Njàngaan Leena Joor
Njaga Bànda Leena Joor
Xujja Céeg Leena Joor
Madaawur Leena Joor
Jeere Joor
Birima Joor
Ndongo Joor
Mapaate Maram Saar
Yuga Xàcc
Majaxu
Mbañ Gombe
Aram Saala ma ñu boolek
Jogomaay Njunóob.
Maroqayaa nga ca Kër Wóolu
Njaan Yacin Biram mooy baayam, ma nga Mbelelaan.
Malaamin Joor Sàmbay baayam, ma nga Waraañu Banjul.
Malaamin Joor
Mbañ Waali Ngóone Joor
Cekkam Paate Joor Sàmb
Maysa Daaf Joor Sàmb
Numbe Kati Joor Sàmb
Ñoo bokk Nday ak Baay
Birima Jéré la séen Baay tudd
Jéré Ngóone
Ce Maram
Dee Njobba
Gànna Baay
Mbaraanub Taaw
Gànna Ñaamu
Lam Sàmba Ñoxor mi ci Mbirjulli
Mbaar Majigéen Mbay
Ngóone Aawe Gàtteñ
NDaama ma nga Riiso
Kumba Ndaama nga Xàndaŋ
Maajaargaa nga dee Géeju Gol.
Meïssa Gaye SAMB